À la lumière des événements récents et de leur impact sur le marché de l’énergie, nous avons échangé avec Grégoire de Pierpont, PDG d’Enerdeal, installateur de systèmes d’énergie solaire au niveau industriel.

« Notre société existe depuis 2009 et est principalement active en Belgique et au Luxembourg mais aussi en Afrique. Nous installons des systèmes d’énergie solaire de taille moyenne à grande pour les entreprises qui souhaitent devenir indépendantes énergétiquement, ou du moins autant que possible », indique de Pierpont.

« Enerdeal fait partie de la dizaine d’entreprises spécialisées dans ce métier en Belgique et, en termes de taille, nous nous situons en milieu de gamme. Au cours des cinq dernières années, nous avons enregistré une croissance annuelle de 40 %, donc il y a vraiment de l’activité sur le terrain. »

Voyez-vous des opportunités dans le contexte de ce qui s’est passé ces derniers mois ?

« Bien sûr. La nécessité de couvrir nous-mêmes nos besoins énergétiques n’a jamais été aussi urgente. Certes, la préoccupation climatique est passée un peu au second plan ces derniers temps, mais cette crise sera certainement un accélérateur de changement. Notre autonomie dans le domaine de l’énergie n’a jamais été aussi importante. C’est maintenant que nous devons changer notre modèle.

Quel peut être le rôle d’Enerdeal ?

« La chose la plus importante que nous puissions faire, bien sûr, est d’offrir des solutions pour l’indépendance énergétique, que nous puissions souligner les opportunités qui s’offrent déjà aux entreprises pour couvrir leurs propres besoins énergétiques. Surtout, les solutions techniques existent déjà, et la technologie est mature. Nous pouvons maintenant déjà atteindre un rendement de 20 % avec une source d’énergie gratuite et infinie. »

Pouvez-vous nous donner un exemple de comment cela fonctionne réellement ?

« Je prends comme exemple notre propre entreprise et son siège social à Zaventem. Nous avons installé des panneaux solaires sur notre toit, et tout le système énergétique derrière qui fournit 90 % de nos besoins énergétiques en ce moment ; l’objectif ultime est, bien sûr, de 100 %. »

« Dans le même temps, nous avons renouvelé notre parking en propulsion électrique et réduit de 30 % le coût total de possession de nos voitures de société. Après quelques années, lorsque le système est rentabilisé, l’énergie produite par le système devient totalement gratuite.

Les clients doivent-ils acheter l’ensemble du système, ce qui représente un investissement assez important, ou existe-t-il d’autres possibilités ?

« Nos clients peuvent acheter l’installation ou la louer. Le modèle de location est très attractif. Plus les entreprises sont grandes, plus elles sont intéressées par la location. Ils ne veulent pas investir beaucoup d’argent à la fois dans un système d’énergie solaire ; ils ont tendance à s’en tenir à leur cœur de métier et à ne pas « perdre » de l’argent ou de l’énergie sur des problèmes périphériques. Les entreprises disposant d’un parc automobile important peuvent désormais non seulement louer leur flotte, mais aussi louer l’énergie qu’elles utilisent. On pourrait dire que 1+1 = 3 ici.

Quelle est la durée de vie d’un tel système ?

« Pour nos panneaux, nous garantissons une durée de vie d’au moins 25 ans ; le convertisseur dure environ 15 ans. Mais dans les installations plus importantes, le convertisseur ne représente que 10 % voire moins du coût total. Mais, bien sûr, il faut considérer que la maintenance est parfois due, et la surveillance du système est d’une importance capitale. Par conséquent, un bon système de maintenance et de surveillance pour l’ensemble de l’installation est essentiel.

Vous avez souligné que ce changement d’énergie est extrêmement important. Êtes-vous sûr que cela se produira bientôt à une bien plus grande échelle ?

«Nous le voyons dans le monde entier, pas seulement dans le soi-disant hémisphère occidental. La Chine, par exemple, est très occupée à devenir totalement indépendante sur le plan énergétique. Je vais donner quelques exemples frappants. Pour l’ensemble des besoins en énergie électrique des États-Unis (toujours le plus gros consommateur d’énergie au monde), il suffit d’un champ carré de panneaux solaires de 100 miles. Le même exercice pour l’Europe exige un champ carré de 100 kilomètres (et non des miles) de longueur par rapport à la largeur. Pour la Belgique, nous avons besoin de 84 TWh d’énergie électrique, qui peuvent être produites par une surface de panneaux solaires de 25 par 25 km. Cette production devrait être combinée avec des capacités de stockage d’énergie pour fournir l’énergie en cas de besoin et prouve que l’indépendance énergétique est réalisable même dans notre pays.

Vous ne parlez ici que de l’énergie solaire. Il existe d’autres sources d’énergie électrique durable disponibles…

« Bien sûr, mais nous avons tendance à nous en tenir à notre propre activité (solaire). Le vent est une autre énorme source d’énergie électrique pour un pays comme la Belgique, certains le prouvent déjà pour le moment, mais nous nous concentrons sur l’énergie solaire pour l’instant. Pour vous donner le dernier exemple, illustrant l’importance possible de ce que nous faisons : si toutes les voitures de société en Belgique (probablement quelque 650 000 unités) roulaient déjà entièrement électriques et si elles parcouraient 30 000 km en moyenne par an, un parc solaire de 5 par 5 km suffirait à leur fournir l’énergie nécessaire. N’est-ce pas le meilleur exemple que nous pouvons le faire nous-mêmes et que la réponse est maintenant et pas plus tard ? »

Enerdeal – voici une vue aérienne de son siège à Zaventem – existe depuis 2009, et prévoit un chiffre d’affaires 2022 de 17 millions d’euros. Elle emploie 30 personnes, principalement des ingénieurs, et a déjà réalisé 1 million de m2 de projets solaires à ce jour /Enerdeal

Enerdeal est spécialisée dans les projets solaires de moyenne à grande taille pour les entreprises. L’intégration avec des batteries, des bornes de recharge pour véhicules électriques et des systèmes intelligents de gestion de l’énergie est disponible.